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théâtre L'éloge de l'âne ou la vie brulée de Giordano Bruno Compagnie Michel Vericel | ||
| Extraits de presse
Libération - René Solis Vericel, lâne sur de Bruno Dans lÉloge de lane, Michel Vericel braie à merveille pour rendre hommage au philosophe brûlé par lInquisition en 1600. "Cest sous le signe de lâne que Michel Vericel a placé le spectacle quil consacre à Giordano Bruno, brûlé par lInquisition à laube du dix-septième siècle. Son Éloge de lâne emprunte à Bruno lui-même, dont lun des ouvrages raconte la Cabale du cheval Pégase accompagné de lâne dArcadie. Un âne dont la nature, chez Bruno, est double. À la "sainte asinité", assimilée à la bêtise des prélats et à leur propension à prendre les fidèles pour des imbéciles, Bruno oppose une asinité positive, faite de labeur, de tolérance et de modestie. On ne saurait trop conseiller aux amis des ânes, aux philosophes de tous poils et aux amoureux du théâtre en général daller passer une heure et demie ../
en compagnie de Michel Vericel, animal solitaire et tenace. Metteur en scène et interprète de ce monologue, il est aussi lauteur du montage des textes. Qui empruntent à Bruno, bien sûr, mais aussi à Nuccio Ordine, Jean Rocchi, Brecht et Shakespeare. Sans compter Vericel lui-même..../
Son spectacle, divisé en trois nuits, rend donc hommage à la figure du philosophe libre penseur, capable dimaginer la diversité de lunivers et la non-fixité des astres, de concevoir le monde de latome à linfini. Capable aussi de sopposer jusquau bout à ses accusateurs : deux mois avant de mourir et malgré les tortures, il déclarait "quil ne devait, ni ne voulait venir à la résipiscence, quil navait rien à regretter
quil ne comprenait même pas ce quil avait à abjurer". |
On ne saurait trop conseiller aux amis des ânes, aux philosophes de tous poils et aux amoureux du théâtre en général daller passer une heure et demie rue Quincampois en compagnie de Michel Vericel, animal solitaire et tenace. Metteur en scène et interprète de ce monologue, il est aussi lauteur du montage des textes. Qui empruntent à Bruno, bien sûr, mais aussi à Nuccio Ordine, Jean Rocchi, Brecht et Shakespeare. Sans compter Vericel lui-même. Une fracture de la cheville à quelques jours de la première ne la pas fait dévier de son but. Installé à Lyon, animateur de la compagnie qui porte son nom, Michel Vericel est un habitué des soliloques depuis le Journal dun fou en 1989, jusquà un Diogène, tranches de vie il y a deux ans. Cette fois son spectacle, divisé en trois nuits, rend donc hommage à la figure du philosophe libre penseur, capable dimaginer la diversité de lunivers et la non-fixité des astres, de concevoir le monde de latome à linfini. Capable aussi de sopposer jusquau bout à ses accusateurs : deux mois avant de mourir et malgré les tortures, il déclarait "quil ne devait, ni ne voulait venir à la résipiscence, quil navait rien à regretter
quil ne comprenait même pas ce quil avait à abjurer". Rien de moins aride que cette leçon de philosophie. Dabord parce que Vericel la nourrit danecdotes, dépisodes biographiques, de dialogues avec des inquisiteurs en voix off, et de digressions sur le sexe où il apparaît que, grand amateur de femmes, Bruno ne dédaignait pas non plus les jeunes gens. Mais surtout parce que cest peu dire que lacteur sincarne dans son personnage. Il rejoint larène : un cercle de terre avec sur le côté une tête dâne mort et en son centre le tas de livres qui sera brûlé avec lui. Il est vêtu dune mauvaise chemise et dune culotte en guenilles, clochard tonsuré et morveux, entièrement occupé de lui-même. Le texte sort du plus profond, comme sil navait jamais été appris. Ou comme une illustration des théories de Bruno sur la mnémotechnie. Seul en scène, Vericel ne joue pas avec le public : il laspire, il lavale. Il ny a pas en lui lombre dune coquetterie, dun clin dil. Seul au monde et habité pas loin de létrangeté dun Serge Merlin il névolue pas pour autant sur un seul registre. Il vitupère, samuse, crie, chuchote ; il imite, minaude, se tait. Il se gratte, se mouche, transpire, se crispe, rigole. Et cette figure volontairement enlaidie, ce corps qui se refuse à tout effort de séduction, deviennent beaux. Impossible de ne pas entrer en sympathie avec un personnage à ce point décidé à penser par lui-même. Et avec un acteur pas fait pour les compromis. De plus en plus lumineux à mesure quil senfonce dans la nuit, Vericel emporte Bruno sur son dos, âne cosmique à la poursuite de Pégase ". | ||