UNE


Le Thême ...


Initiation au spectacle ...


La Table Ronde ...






Texte pour la table ronde : L’auteur,l’enfant,l’émotion



"Avons nous le droit de bouleverser les enfants et de les laisser avec plus de questions que de réponses ?"

Je n’ai pas l’habitude d’écrire des textes,je travaille surtout dans le visuel et c’est avec beaucoup de difficultés que je suis arrivée à vous faire part de quelques réfléxions en vrac et chaotiquement en espèrant ne pas m’écarter trop du sujet.

Je crois que nous avons le droit de bouleverser les enfants sans les frapper pour autant en leur donnant un autre regard sur le monde qu’il soit fantaisiste, burlesque,poétique, cruel ou dramatique.

S’il y a partage et complicité,bouleversons !

Les laisser sans réponses mais avec pleins de questions formulées ou non est une bonne chose si on mise sur leur intelligence et leur esprit .Penser ne fait de tort à personne que du contraire.

Cette question me fait tout de suite penser au rôle de l’Art dans la société et dans la vie de tout un chacun, de l’engagement de l’artiste par rapport à ses propres convictions et à son statut d’acteur de changement et de bouleversement dans un monde qui n’est pas tout rose.

Difficile question pour les artistes qui se consacrent à la création de spectacle jeune public et se trouve confronté à l’immense bonheur et à la terrible angoisse du plateau vide,de la page blanche ,de la liberté totale face à une nouvelle envie de théâtre : que dire,pourquoi,pour qui et comment ?

En ce qui me concerne, je ne fais aucune concession au départ,je ne me refuse rien et je ne pense même pas à qui je vais adresser mon spectacle.Je fonce tête baissée dans mon sujet,j’explore des formes durant des mois dans mon atelier,je me laisse guider par mon intuition en gardant au fond de moi,précieusement, la petite Agnès que j’ai été un jour et qui me regarde vivre encore et encore.Ce n’est vraiment qu’en fin de parcours lorsque je commence à montrer des morceaux du travail que l’événement " théâtre " peut avoir lieu ou pas,que les questions que je me pose posent questions.

Je crois que tout est dans la forme,dans la manière de raconter son histoire.

Il n’y a pas de sujets tabous.

Il y a des envies de dire qui sont plus fortes et urgentes que la réflexion sur le bien-fondé ou la nécessité de tel ou tel propos.


On ne peut pas anticiper l’impact d’un spectacle,il n’est pas mesurable.

Il y a double provocation ,celle qui nous a fait réagir face à de très fortes émotions intérieures et qui nous donne la force de créer et puis celle qui nous vient de l’extérieur,pour moi surtout outre l’intolérance et le mépris,la bêtise et qui vient doubler cette force.

Je me sens agressée quotidiennement et il est vrai que nous sommes entourés de dangers multiples et divers,personnels et mondiaux qui sont autant de raisons de ne pas aller voir ailleurs quels couleurs a le soleil,quels nuages traversent les cieux lointains et encore moins de comprendre pourquoi certains pensent bleu et d’autres jaune.

Les enfants ne sont pas dupes de l’univers des adultes.

Entre eux ,ils pensent ,ils rient ,ils pleurent et se questionnent tout en s’endormant le soir.

Mais ne les laissons pas endormis.

Le théâtre devrait être comme le baiser du prince charmant qui les réveille non pas dans un monde aseptisé , magique et inaccessible mais avec un sentiment d’ouverture,de solidarité et de plus grande compréhension de l’humain.

Laissons les se frayer un chemin à travers ce brouillard mental et risquons ensemble de mettre le nez dehors,le petit bout de nez,pas le pied,le nez,il suivra naturellement,le pied,le nez,le pied de nez.

Laissons les questions se poser avant que l’art ne devienne une machine productrice d’enfants aliénés et que ne continue la lente destruction de l’intelligence.

Reprenons notre souffle avant que notre souci d’un monde meilleur ne soit jeté en pâture au grand marché de l’économie.

Frayons nous un chemin d’amour et de colère,bouleversons !

Laissons entendre notre râle avant de rendre le dernier soupir,bouleversons !

Agnès Limbos