UNE


Le Thême ...


Initiation au spectacle ...


La Table Ronde ...







© Mélanie Rutten


LE THEME

Marie Kateline Rutten m'a parlé un jour d'un rêve récurrent et obsessionnel qu'elle faisait depuis longtemps : un sac contenant un poussin dont il faut prendre soin. Se pose alors le choix de s'en occuper pour qu'il vive ou de le laisser s'étouffer en l'oubliant (plus ou moins volontairement) et qu'il meure.

J'ai tout de suite percuté sur la richesse de ce propos, surtout à notre époque, et je voyais défiler des images, des émotions me traversaient.
Je lui ai proposé de partir de ce rêve pour écrire ensemble un spectacle. Je me suis aussitôt mise à rêver, de jour comme de nuit, et nous avons commencé à échanger nos rêves, au propre comme au figuré.

Des thèmes ont surgi, fragilité, abandon, instinct maternel, culpabilité, droit de vie et de mort sur quelqu'un, et nous ont amenées à chercher les sens (ou l'essence) à travers des textes, des images, des livres, des citations, des définitions et des symboles, y compris par le biais de l'actualité : le petit poussin, l'œuf, couver, prendre soin de quelqu'un de laid et qu'on n'aime pas…

Je suis alors tombée par hasard sur le conte d'Andersen, "Le vilain petit canard" et, en le relisant, je m'aperçus que, en plus de réveiller en moi toute une partie de mon enfance, il synthétisait admirablement bien notre propos tout en rejoignant l'inconscient collectif (qui n'a jamais croisé un "vilain petit canard", ou même ne s'est senti exclu comme lui ?).

…Au matin, les canards sauvages s'envolèrent et ils regardèrent leur nouveau camarade. "D'où viens-tu, drôle de type ?" demandèrent-ils, et le petit canard se tourna de tout côté en saluant du mieux qu'il pouvait.

"Tu es réellement laid, dirent les canards sauvages, mais ça nous est égal, pour peu que tu ne te maries pas dans notre famille !…" Le pauvre ! Il ne pensait vraiment pas à se marier, il ne demandait que la permission de rester dans les roseaux et de boire un peu d'eau du marais…

De plus, le texte d'Andersen nous ouvre un très riche univers poétique dont la transposition théâtrale nous séduit.

Il faisait si bon à la campagne. C'était l'été, les blés étaient jaunes, l'avoine, verte, on avait mis le foin en meules dans le pré, la cigogne y déambulait sur ses longes pattes rouges en parlant égyptien car elle avait appris cette langue de sa mère.

Autour des champs et des prés, il y avait de grandes forêts et, au milieu de ces forêts, des lacs profonds. Oh oui ! il faisait vraiment bon à la campagne ! …

Il courut à travers champs et prés, il y avait du vent, il avait du mal à avancer.

Vers le soir, il atteignit une pauvre petite maison de paysans ; elle était si misérable qu'elle ne savait pas elle-même de quel côté elle s'effondrerait, en sorte qu'elle avait pris le parti de rester debout. Le vent souffla si fort autour du caneton qu'il dut se mettre sur la queue pour résister. Et cela ne cessait d'empirer.

Nous avons décidé de prendre ce conte comme référence pour notre travail et
d’ en faire une très très libre interprétation…

Agnès LIMBOS