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concert
Sapho
et l'orchestre de Nazareth
"orients"
mars
jeudi 11
> 20h30

retour...

Je n’osais pas imaginer pouvoir, non seulement rejouer avec eux mais les solliciter pour cette aventure inédite. Rendez-vous sont pris : Mars 2002 et mai 2002 à Bagdad et Nazareth pour les 2 périodes ; en mars on présentait le livre à Ramallah, Jérusalem Ouest, Nazareth et on répétait à Nazareth et Bagdad ; en mai on présentait le livre à Tel-Aviv, on donnait à Bagdad un concert de Kalsoum et le lendemain la création - nous en avons des images -et à Nazareth, la création et un extrait de Kalsoum. Dans le home-studio de Richard Mortier, nous élaborons et posons les bases électroniques des chansons dont le squelette se présente sous forme de guitare-voix tremblante mais j’espère déjà troublante en tout cas sûrement pour moi. Sur ces bases électroniques je fais venir mon ami et chef d’orchestre pour toute l’aventure Kalsoum mais surtout émérite joueur de Qanoune et possesseur de toutes les gammes et de la musicologie arabe ; il s’agit en effet d’écrire les parties pour l’orchestre en respectant les gammes arabes alors même qu’elles interviennent sur des chansons occidentales évitant ainsi aux oreilles du public des tentatives exotisantes et peu rigoureuses.
Nous enverrons leurs parties enregistrées aux orchestres pour qu’ils les travaillent un peu avant les répétitions - voeu pieux.
Dans cette aventure et dans le voyage j’embarque Hervé Martin, Vincent Mahé, producteurs, ingénieurs, propriétaires de studios volants, fixes et qui se prennent d’amitié pour cette histoire et nous entreprenons d’enregistrer les répétitions de Nazareth. Nous revenons avec ce matériel et Hervé, après avoir recueilli les informations électroniques de bases faites chez Richard réinjecte, non sans difficulté, les parties orchestrales dans son studio de Malakoff.
Dès lors, nous commençons à tenter des mixages des chansons. Je me dis Que nous irons de nouveau à Nazareth, répéter pour Chaillot, Que nous enregistrerons sans doute ces répétitions pour améliorer nos bandes actuelles, Que l’orchestre de Nazareth est composé de musulmans de chrétiens et de juifs, autrement dit, d’arabes israéliens, de chrétiens autrefois palestiniens de juifs russes et autres raretés, Que cette aventure musicale est aussi une déclaration muette : Nous vivions ensemble, Nous faisons la paix avant qu’on nous l’accorde, Que les gens qui nous gouvernent ne soient pas capables de négocier, nous ne négocions pas. Nous faisons ensemble, de la musique.
Je me dis que cette aventure musicale est particulièrement vibrante, que j’ai envie qu’on la filme. Je n’ai pas envie d’un film moralisateur ou politico merguez.. J’ai envie qu’on entre dans le studio multi-tracks (multi-pistes), qu’on pénètre dans chacune de ces voies comme dans une étoffe ; la base électronique est déjà faite de plusieurs strates de musique qui s’intriquent comme des matières qui en voilent d’autres mais se faisant, ce que l’oreille entend ce n’est jamais la texture originelle de chaque piste et pourtant chaque piste recèle un trésor.
J’ai envie que le réalisateur pénètre dans chacune des voix qu’il en palpe l’étoffe riche pour tous ceux qui n’y ont pas accès. Et ces pistes ressemblent à des routes avec les véhicules étranges que sont les tirettes qui mesurent les volumes, sur l’écran, une ville lumière clignote à chaque inflexion du son et, du côté de l’orchestre, chaque piste conduit à un visage, est la route de ce visage, la tête du 1 er violoniste, du 2e, du 3e, du violoncelliste, d’un des alti, du qanoune, du oud, du tar, du derbouka.
Leurs têtes, leurs vies diverses, leurs yeux rouges, leur état d’alerte, leur bonne volonté musicale, leurs envolées, leurs réserves, leur compagnonnage, leur instabilité, le chef d’orchestre, la ville morte vivante, aveuglée de lumière de Nazareth, la mer, les nuits à Nazareth, les nuits du théâtre, les nuits du studio, la recherche du son exact, du silence exact, l’ingénieux ingénieur, les sourires de complicité qui acquiescent et qui disent que c’est le bon choix quitte à se dédire parfois, Vicente merguez guitariste flamenco sérieux et nonchalant, Simon merguez, guitariste tous terrains, l’amitié et les conflits, le travail de répétitions des concerts; les répétitions et la résidence à Châlons fin janvier, la création française à Châlons, le point d’orgue au Théâtre National de Chaillot avec l’émotion de ces gens qui viennent témoigner en faisant de la musique, une musique étroite pour eux difficile, où ils doivent à tout prix rester en vie de même que la voix doit rester vivante dans le carcan machinique et fascinant de l’électronique. J’ai envie qu’un cinéaste s’empare de cette histoire avec son vocabulaire, sa syntaxe, qu’il nous la conte, qu’il introduise un rythme interne et une dramaturgie jusqu’au concert parisien où la scénographie sera assurée par Bernard Szajner, les lumières par Lisa Racine le son par Jean-Albert Gardner et Didier Philibert.
Un espace poétique où, telle une Oum Kalsoum décalée la chanteuse dit dans cinq à six langues les gestes de l’amour courtois, ou la courtoisie du malheur, humour mortel et délicieux quelque chose de froid et lyrique, le charme discret des chansons françaises et la liqueur de l’orient, si possible.
Certes, certes.

Sapho

Sapho

Orchestre de Nazareth

guitare flamenca

Vicente Almaraz

quanoune

Elie Askhar

synthétiseurs

Richard Mortier
et Simon Bendahan

scénographie

Bernard Szajner

lumières

Lisa Racine

son

Jean-Albert Gardner
Didier Philibert
Tarifs
en euros
plein
13,00
réduit
10,00
spécial
7,00
scolaires
5,00