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concert
Sapho
et l'orchestre de Nazareth
"orients"
mars
jeudi 11
> 20h30

retour...

Le projet Orients traduit la constance de ce chemin, conjuguant la conscience politique et l’exigence de la création. Elle réunit ici une formation acoustique de musiciens classiques et des artistes férus de nouvelles technologies : l’Orchestre de Nazareth - grand orchestre classique oriental composé de vingt musiciens musulmans, juifs, chrétiens - deux électroniciens et une guitare flamenca.
Sapho nous offre ses dernières chansons françaises, associe la langue de Molière et ses convictions de femme. Dans une ornementation musicale née d’une arithmétique arabe fabuleuse et d’un retour à l’électronique, Orients offre la conciliation des extrêmes, le surgissement de l’émotion dans la confrontation des arts qui se disputent la même recherche. Il reste au public occidental à découvrir qu’il bat du même coeur que celui de la Méditerranée africaine, et à sortir de la rencontre, ainsi que Sapho le murmure : " ayant débattu de la beauté ", les sens " hébétés après l’oued, sauvés de la nuit par l’élégance ". "Orients" ou la musique comme une aventure humaine polyphonique. La TV crachait ses horreurs habituelles.
Mais, voilà, un incident, Sharon sur l’esplanade des mosquées qui semblait majorer le désastre pour longtemps.
Dans cette fracture annoncée, j’ai senti un instant dramatique déterminant pour polluer tout ce qui avait pu s’ouvrir dans cette région, pour radicaliser les identifications qui, à un monde islamique humilié, qui, à un Occident démocrate face à la "barbarie"…
Que faire, moi, petite mouche dans cette affaire tristement internationale ?
Provoquer un livre - ce qui était encore en mon pouvoir -, un livre à 100 voix (Israéliens, Palestiniens, Européens, Américains - plutôt du sud, Africains - plutôt du nord, philosophes, poètes, historiens, écrivains, psychanalystes) où chacun écrivait un feuillet sur un mode subjectif, sensible, pas idéologique, pas politique ; il fallait traverser la surdité en parlant de soi plutôt que de se fourvoyer en profession de foi - ce fut la naissance de ’’Un très Proche-Orient’’
Paru chez Joëlle Losfeld/Mango, avec les voix de Darwich, Derrida, Jean-Pierre Faye, Marc Petit, Israël Eliraz, Elias Sambar et 95 autres connues et moins connues… Le livre est envoyé sur les lieux du conflit (Jérusalem Est, Ouest, Ramallah, Tel-Aviv, Amman, Bagdad) et on me demande (les
instituts français qui font un superbe travail fort méconnu) de venir présenter ce livre et pourquoi pas de chanter avec les orchestres orientaux locaux, du " Oum Kalsoum ", peut-être ? - ah pas encore du Oum Kalsoum, m’écriai-je malgré la passion que je porte à la dame et à sa musique.
J’avais envie d’une création comprenant certaines de mes nouvelles chansons ; je revenais à des sons électroniques que
j’avais longtemps désertés, agacée que j’étais par l’engouement par trop systématique de mes contemporains pour la techno, et je voulais y joindre un orchestre oriental.
L’orchestre oriental est pour moi un être vivant qui joue de
façon ineffable, autonome, une partition précise, certes mais toujours vibrante, émouvante, le contraire du machinique .
Faire se rencontrer ces deux mondes représentait déjà une tension que je ne voulais pas mesurer, prise que j’étais dans mon habituelle témérité.
De l’autre côté on me dit : Banco ! A Nazareth et à Bagdad,
Lionel Vairon, Serge Sobjinsky ainsi que Frédéric Marquet parient pour cet extravagant concert. J’avais déjà chanté " El merguez ", chanson créée par Oum Kalsoum, avec l’orchestre de Nazareth et j’en gardai un souvenir si ému que j’en écrivis un poème dans l’avion qui me ramenait à Paris et ça disait : L’orchestre oriental quand il est bon est un corps vivant qui respire et enfle et s’insinue et décroît et serpente l’orchestre oriental vibre comme une voix humaine il trémolle il gémit il chante il souffle il tire les notes et les abrège sans loi ni droit et pourtant cette hésitation est d’une précision infinie.
Cet être sait aller là où la phrase touche dans le mille et la salle souffle et pleure avec lui. L’orchestre oriental quand il est bon se tait la quantité de comas qu’il faut pour que la salle soit en haleine, attendre avec passion l’attaque en grande douceur du soliste qui entame le prochain mouvement de la chanson fleuve, l’orchestre oriental est humain fragile et passionné lyrique à pleurer il trille et vrille et bat. Alors il rejoint dans le rythme une aisance joviale jubilatoire presque convenue et alors l’orchestre oriental reprend sans vergogne ce qu’il a donné et revient dans la pénombre du son dans sa demi-teinte dans son secret dans ses ornements de murmure juste avant que la chanteuse ose une récitation elle aussi amorcée discrètement pour prendre une ampleur de marée et la réponse de l’orchestre oriental ne se fait pas attendre, surdimensionnée. La foule d’un orchestre oriental frémit avec chaque phrase et salue approuve s’emporte réclame Ah l’orchestre oriental quand il est bon est une expérience de musique qui est le suc du Tarab une âme qui passe et meurt ce drôle de temps imparti très mystérieusement mesurable, ces fameuses parties lentes incommensurables mais qui se déclinent dans une certitude sorcière quelle fabuleuse arithmétique que celle qui se calcule entre une vingtaine trentaine de personnes à vue, sans formule, aléatoire et assurée lâchée et tenue l’orchestre arabe quand il est bon lit une partition et s’envole d’elle sans la quitter il ondule comme la plus sensuelle des sirènes il bat son coeur comme un homme au travail et nous ne sommes que sueur larmes écoulements au plus secret il embarrasse les distants et pour cela je fais des saluts de mes chapeaux réunis à l’orchestre oriental !

Nazareth 2000


suite...

Sapho

Orchestre de Nazareth

guitare flamenca

Vicente Almaraz

quanoune

Elie Askhar

synthétiseurs

Richard Mortier
et Simon Bendahan

scénographie

Bernard Szajner

lumières

Lisa Racine

son

Jean-Albert Gardner
Didier Philibert
Tarifs
en euros
plein
13,00
réduit
10,00
spécial
7,00
scolaires
5,00