création théâtre
August! August!

Compagnie Fenil hirsute
12,20 e / 9,91 e / 6,10 e / 3,81 e
du 21 au 25 janvier 20h30
mercredi 22 à 19h30


© Michel Paulet



© Michel Paulet

" ... Dans ce "Jeu de rêve" qui se rattache au jeu de rêve précédent, Le Chemin de Damas, l'auteur a cherché à imiter la forme incohérente mais apparemment logique du rêve. Tout peut arriver, tout est possible est vraisemblable. Temps et espace n'existent plus. A partir d'une base réelle insignifiante, l'auteur donne libre cours à son imagination qui multiplie les lieux et les actions en un mélange de souvenirs, d'expériences vécues, de libre fantaisie, d'absurdités et d'improvisations.
Les personnages se doublent, se dédoublent, s'évaporent et se condensent, se dissolvent et se reconstituent. Mais une conscience suprême les domine tous : celle du rêveur. Pour lui il n'existe pas de secrets, pas d'inconséquences, pas de scrupules, pas de lois. Il ne juge pas, il n'acquitte pas, il ne fait que relater un rêve... "

Ainsi " AUGUST ! AUGUST ! ", jusque dans la familiarité à la fois amicale et distanciée de son titre avec le sujet/Strindberg traité, aurait pu se nommer "Notre Songe".
Sur la scène qui fut vide, et sur laquelle ont été installés, en apparence hasardeusement, des objets et des machines servant à la fabrication du théâtre, il n'y a pas de décor.
Sur cette scène sont présents sept personnes qui travaillent, qui fabriquent des histoires.
Deux comédiens et deux comédiennes, dont l'une chante, endossent plusieurs rôles.
Cette chanteuse projette des films super 8 qu'elle a réalisés.
Un homme fait de la lumière, un autre crée des sons, un autre réinvente des machineries ancestrales.
Ces sept personnes à l'œuvre sur la scène, en cherchant leurs connexions poétiques possibles, fabriquent un jeu de rêve, avec
" ce théâtre vivant, embrouillé, contradictoire, où les coups pleuvent de partout " (Arthur Adamov, in Strindberg).

Une utopie préside à ce spectacle. En effet, si le "rêveur" cher à Strindberg existe bel et bien (le metteur en scène absent de la scène fournit à l'équipe artistique des pistes de recherche), il s'agit de tendre à ce que ce rêveur, à l'exemple des personnages des "jeux de rêve" de Strindberg, puisse lui aussi parfois se dédoubler, s’incarnant alors dans d’autres membres de l’équipe artistique.
Et c’est de la confrontation en dialogue de ces diverses forces autonomes, personnelles et inspirées, que peut surgir le poème théâtral.

"August ! August !" est un hymne au bricolage théâtral. Cruel, drôle et tendre.

Yves Charreton