| | Qian Li, doù venez-vous, et quel est votre instrument ? Q.L. : Je suis venue en France il y a un peu plus de deux ans. Lannée dernière jai participé au spectacle 2500 ans de poèmes, à loccasion de lannée de la Chine en France. Ce spectacle présentait des poèmes chinois en mélangeant les langues chinoise et française avec de la peinture, de la calligraphie et de la musique. Jai donc joué du gu-zheng en accompagnement du chant. Jai une formation de chanteuse et dinstrumentiste. Jai rencontré Jacques, et nous avons pris le temps de la rencontre. Jacques est très curieux, toujours en train de chercher de nouvelles choses. À chaque fois il me demande dapprendre de nouveaux morceaux, de chercher de nouveaux poèmes. Il ma beaucoup influencée et ma donné envie de composer de la musique sur des poèmes chinois. Il me donne beaucoup didées et nous échangeons dans les deux sens. Pour moi, ce travail est nouveau, jai souvent joué en solo, et cest la première fois que je joue avec dautres instruments. Laccompagnement, les nouveaux rythmes, les nouvelles musiques sont plus compliqués, plus difficiles pour moi, mais cest très intéressant. Jacques ma orientée vers différentes façons de jouer le gu-zheng, vers de nouvelles techniques très intéressantes. Quelles sont les caractéristiques de vos répertoires habituels? Q.L. : Dans le répertoire classique chinois, les morceaux sont toujours plus lents, plus libres. Cela laisse plus de place à limagination, comme dans la peinture chinoise. La musique traditionnelle occidentale possède des cycles, des parties répétitives, que nous ne connaissons pas. Cest vraiment différent. J.M. : Là on touche à un point vraiment important dans la rencontre autour de ce spectacle. Cest une vraie difficulté pour chacun dentre nous de percevoir la finesse du système musical de lautre. Par exemple, je ne peux pas rester indéfiniment dans un univers pentatonique. Les différences de systèmes rythmiques aussi sont essentielles. Les musiques chinoises traditionnelles ne connaissent pas les rythmes ternaires, 6/8, 12/8 etc. Lunivers de la valse, de la jig, de la mazurka et du swing est inconnu en Chine. Il nous a donc fallu beaucoup pratiquer ces rythmes et aborder la notion de cycle ensemble. À ma connaissance, dans la musique traditionnelle et classique chinoise, les notions de tonalité et daccords nexistent pas. Tout est remis en cause. Pour moi-même et pour Emmanuelle, qui joue des clarinettes et des flûtes, il nous a fallu beaucoup de temps pour entrer dans la musique de Qian Li, que ce soit par lécoute par la parole ou par la partition, pour comprendre ce qui se passe. Emmanuelle et moi avons dû apprendre un phrasé différent, des gestes à la fois plus lents et plus précis. Pour Qian Li, la difficulté a bien été dentrer dans lunivers des cycles et des motifs répétés. Q.L. : Pour le répertoire ancien de gu-zheng, la main droite joue la mélodie sur la partie des cordes située à droite des chevalets, et la main gauche donne lexpression sur lautre partie des cordes. Dans la musique moderne on utilise les deux mains pour faire la mélodie sur la partie droite de la corde. Pour jouer certaines notes à vide qui ne sont pas dans la gamme du guzheng, Jacques a pensé à une nouvelle façon de jouer sur toutes les cordes à vide disponibles, à gauche ou à droite des chevalets ! J.M. : Pour sortir du pentatonisme, jai en effet réglé 2 ou 3 chevalets et la tension pour avoir quelques notes à vide dans la partie gauche des cordes. Nous avons également utilisé linstrument comme bourdon, à laide dune archet, ou comme percussion, choses inconnues dans lapprentissage classique du guzheng. Q.L. : Jai considérablement élargi mes techniques dutilisation de linstrument ! suite ... |