| | Cest laube sur les bords du lac de Genève. Quelque part, dans une riche propriété, sur le revêtement défraîchi dun court de tennis désaffecté. Alors que des ombres en blouse blanche surveillent à distance, deux hommes se font face. Lun est jeune. Lâge des fils. Il sappelle Gaspard. Gaspard Meyer, héritier dune grande famille de la finance internationale. Lautre est plus âgé. Lâge des pères. Il sappelle Artmann. Il dit quil est professeur et quil est venu pour parler. Lun comme lautre ne se connaissent pas. Pourtant Artmann sait beaucoup de choses sur Gaspard. Il sait que la veille, convoquant la presse internationale, Gaspard Meyer fils sapprêtait à dénoncer publiquement Gaspard Meyer père en laccusant dassociation de malfaiteurs et de crime contre lhumanité. Puis il a disparu. Il sait quen convoquant subitement une conférence de presse, le jeune homme vient de rompre le silence quil simposait depuis une dizaine dannées. Il sait aussi que des enregistrements clandestins ont révélé que le jeune homme sentretenait avec une inconnue, une vieille femme semble-t-il, dans une langue étrange, condensé de langues disparues. Il sait surtout quil est là, sur ce terrain de tennis, pour tenter quelque chose avant quil ne soit trop tard. Avant que lasile où Gaspard sera enfermé ne plonge le jeune homme dans un mutisme définitif. Avant que lui, Artmann, lanthropologue qui a passé sa vie à décrypter les langues en voie de disparition, nait eu le temps d élucider létrange cas Gaspard Meyer : celui de lirruption de la mémoire indienne sous un court de tennis. |