Jeu(x) de lenfance Lâge, cest peut-être quand la récréation sétire. Elle était débordement, puis elle fut loisir, maintenant elle est occupation. En voici deux qui, à la Maison de Retraite, ont trouvé leur coin de cour, par les autres délaissés. Trop à lautre bout, et sans doute se sont-ils résignés au rétrécissement constant de leur univers. Une Maison de Retraite, cest comme un pensionnat, avec ses règles et sa communauté factice. On y est pareillement infantilisé, et pareillement on brise ce que vous êtes, cest à dire surtout votre espace. Cest pareillement une entreprise de dépossession. Ces deux-là donc, font de lenfantillage une résistance : façon de nier lage ? Sans doute, mais ce nest vrai que superficiellement. Elles ont simplement compris quêtre adulte, ce nétait pas effacer lenfance - de toutes façons elle taraude en douce mais en conserver la redoutable force dinvention et de transformation.. En somme, cest un exercice de liberté. Etre adulte, cest être habitué. La revanche de la vieillesse, cest perdre de lhabitude. Celles-ci lont-elles jamais acquise dailleurs ? dans ce coin où elles pique-niquent, elles samusent à des riens, se font des niches, se houspillent, et en résumé se délectent dêtre. Mauvais exemple dont on comprendra quil ait besoin de clandestinité. Là-bas se dressent les murs des dortoirs, du réfectoire, et des bureaux de tous ceux qui vous veulent tellement de bien. De leurs réjouissances, puisquelles sexposent, nous partageons lallégresse, et la sourde terreur, lamusement et sa nécessité. Elles sont émouvantes, elles sont rigolotes. " Nous sommes de vieilles gamines, ma petite fille " chante Michèle Bernard. Ici cest Catherine Day qui lécrit, avec une dérision qui est pudeur. Parce que ces deux-là, tout ça, cest parce quelles saiment. La cloche. Il faudra faire semblant dêtre intégrées. Mais demain, oui demain. Jean-Yves Rideau Albert-Clarence Simond
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