concert musique du monde
je t'emmenerai
groupe Itinérance
12,20 e / 9,91 e / 6,10 e / 3,81 e
vendredi 4 octobre

20h30

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Itinérance

Jean-Claude Guerre, compositeur et pianiste du trio Itinérance, est bien connu des musiciens lyonnais : il accompagna un temps le chanteur Jean-Marc Le Bihan. Le voici avec la publication d'un CD, et son groupe "Itinérance"

Le CD "Je t'emmènerai" est disponible dans le catalogue de VPC du CMTRA.
*(Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes)

12 rue Gambetta
69190 Saint fons
04 78 70 81 75
www.cmtra.org




Entretien avec Jean-Claude Guerre


CMTRA* : Comment présenter votre musique? Itinérance est-il un ensemble de musique tzigane et yiddish?
Jean-Claude Guerre : C'est notre point de départ : on s'est beaucoup inspiré des musiques de l'Europe centrale, et l'on propose tout un voyage musical à partir de thèmes d'Europe Centrale, tziganes et yiddish; mais nous y ajoutons du folklore irlandais ou de la musique de Louisiane, et aussi des tangos... Tout cela s'enchaîne naturellement dans un spectacle de une heure trente environ.

CMTRA : C'est un voyage autour des musiques européennes : comment faites-vous le lien entre des musiques apparemment très différentes, musiques yiddish et musiques celtiques par exemple ?
J.C.G. : On n'entend pas du tout se définir comme "groupe tzigane", ou comme groupe "traditionnel": c'est vrai que l'on s'inspire des musiques traditionnelles, en tous cas elles nous inspirent, elles nous influencent. Mais on les recrée à notre façon, en faisant des recherches de sonorités, avec des passages en groupe et des passages en solo, avec un travail à partir de ces thèmes, qui sont rejoués d'une manière non traditionnelle.
On a fait au mieux avec la conception musicale pour que cela s'enchaîne sur des critères uniquement musicaux, et pas du tout en fonction de l'origine de telle ou telle mélodie, et cela fonctionne tout-à-fait. Itinérance représente deux formations: une formule piano/ violon/ accordéon /violoncelle, et une autre formule différente, avec deux violons/accordéon /violoncelle. Nous jouons aussi quelques créations, des compositions que j'ai écrites, et qui elles sont d'une tout autre inspiration.

CMTRA : "Jouer d'une manière non traditionnelle", de quoi s'agit-il ?
J.C.G. : C'est à dire qu'on se permet de jouer des musiques traditionnelles non pas comme des imitateurs ou des ethnomusicologues, mais en les recevant et en les recréant dans notre propre culture, avec nos outils à nous et notre technique instrumentale. Nous comprenons alors la tradition comme source vivante d'inspiration.

CMTRA : Vous-même venez de la musique classique, du piano classique: les autres musiciens du groupe ont-ils d'autres itinéraires ?
J.C.G. : Tous les musiciens d'Itinérance ont à l'origine une formation de musique classique assez élevée, mais avec un point commun: on a tous à un certain moment, arrêté la musique. Dans tous les cas, on a disjoncté du monde classique, et pour des histoires propres à chacun. Donc, cela donne une certaine approche à ce que l'on fait... On a les moyens et la technique des musiciens classiques, et l'esprit de musiciens voyageurs...

CMTRA : Vous avez donc "arrêté la musique" à 18 ans, repris à 32 ans. Cela veut-il dire : toutes ces années sans musique ?
J.C.G. : J'ai fait énormément de musique quand j'étais jeune, à un niveau très élevé au conservatoire de Paris, et comme on dit à un certain moment j'ai tout envoyé balader. En fait il y a des périodes où je n'ai pas du tout fait de musique, mais toutes sortes de métiers, chauffeur poids lourds, éducateur spécialisé, intérimaire, la vie quoi! Il m'a donc fallu de nombreuses années pour pouvoir renouer avec mes racines, avec ce pour quoi je suis fait, bref pour me réconcilier avec la musique. Tout ce parcours s'imprime donc dans ma façon de jouer, dans mon inspiration.

CMTRA : Un autre personnage très étonnant dans le groupe Itinérance, c'est votre violoniste Philippe Arestan. Il a lui aussi un parcours assez original ?
J.C.G. : Il a été pendant plusieurs années membre d'une fraternité franciscaine. A travers cette fraternité franciscaine il a vécu dans les pays du Maghreb au Maroc et en Égypte, il a alors arrêté le violon pendant de nombreuses années après avoir eu un premier prix de Conservatoire. C'est un super violoniste.

CMTRA : Le répertoire tzigane, les "Czardas" ou "Les yeux noirs" sont des pièces très brillantes: comment s'imprègne-t'on de ce répertoire de violoniste tzigane?
J.C.G. : Les musiques tziganes ou yiddish sont très violonistiques, le violon, c'est comme le chant du coeur ou le chant de l'âme. Cela vient très facilement... par la partition. Quand on prend les thèmes yiddish, la partition est très simple, c'est une ligne de chant, c'est tout. On construit tout le reste nous même, l'interprétation fait 90% de cette musique.


CMTRA : L'accordéoniste, Bruno Teruel, a lui aussi beaucoup vécu à l'étranger?
J.C.G. : Oui, il a fait ses études en Slovaquie, à Bratislava, qui est un grand centre d'enseignement d'accordéon, comme Prague pour le violon. Donc il a eu l'occasion de s'enrichir au contact de ces musiques. D'autre part en étant enseignant à Bourgoin-Jallieu, il pratique des échanges avec d'autres professeurs d'accordéon de Bratislava, qui viennent à Bourgoin.

CMTRA : Itinérance, c'est aussi du bal-musette?
J.C.G. : C'est vrai que l'on a joué dans des circonstances très diverses, on a fait aussi des mariages... notre concert tzigane est alors suivi d'un bal avec des tangos, des valses... Par contre dans notre version concert, on a un éclairagiste qui nous accompagne, puisque notre optique est d'avoir un spectacle avec une dimension poétique. Ce que je veux rajouter sur les caractéristiques d'Itinérance, c'est que nous sommes un ensemble de solistes. On a aussi réussi à avoir notre propre couleur, un son "à nous". Nous avons deux instruments polyphoniques, le piano et l'accordéon, deux instruments plus solistes le violon et le violoncelle, qui joue aussi le rôle d'un instrument de basse, et cela donne beaucoup de possibilités sonores. Et puis je crois que l'on a réussi maintenant à avoir notre griffe, notre style propre.

CMTRA : Enfin, le quatrième membre du trio Laurent-Yann Guiguen ?
J.C.G. : Itinérance au départ était constitué de trois musiciens. On a fonctionné en trio pendant deux ans, et le CD "Je t'emmènerai", que l'on a réalisé en public à L'Élysée, clôture une histoire, cette histoire à trois. Le violoncelliste a été invité à cette occasion, et joue simplement sur deux titres. Maintenant, c'est une histoire à quatre avec un prochain CD prévu pour novembre 1999. A cette occasion nous jouerons certainement dans divers lieux publics. C'est aussi là, dans les pubs, que l'on s'est formés, Maintenant on s'oriente beaucoup plus vers des structures de concert, pour développer un travail d'esthétique, de recherche de sonorités, qui ne peuvent pas passer en pub.

CMTRA : Itinérance possède je crois un "port d'attache" particulier dans la région?
J.C.G. : Effectivement, nous aimons beaucoup jouer dans un petit lieu de rêve, "L'Auberge de la Buissonière" à Courzieu, dans les Monts du Lyonnais. L'ambiance y est particulière, avec sa cheminée, son piano à queue et la qualité d'écoute, de l'échange avec le public. C'est un lieu qui prend le risque d'une programmation régulière de concerts, le samedi soir, à la campagne...

CMTRA : "Je t'emmènerai", votre CD, est-il distribué ?
J.C.G. : C'est un CD entièrement auto-produit, sorti le 18 novembre 98, qui commence à être connu par le bouche à oreille. Je vais essayer de trouver un distributeur. Ce sera de toutes façons l'objectif du deuxième CD.