Rosa Luxemburg !
lettres de prison

Ces lettres écrites en 1904 et de février 1915 à novembre 1918 (quarante mois d'emprisonnement au total) constituent un prodigieux document humain, politique et littéraire.
Politique, parce qu'elles apportent des informations détaillées sur l'histoire du mouvement ouvrier européen.
Littéraire, parce que le lecteur ne peut qu'être touché par la beauté de la forme, la vivacité de I'expression, la précision des tableaux qui rappellent que leur auteur était aussi peintre.
Humain enfin, parce qu’elles sont I'occasion pour Rosa Luxemburg de réfléchir sur la vie (la sienne incluse) et sur le comportement des êtres humains. Si elles n'avaient pas été écrites par une juive polonaise, révolutionaire de surcroît, sans doute quelques unes de ces lettres figureraient aujourd'hui dans les manuels scolaires allemands

une fin tragique

Dans la nuit du mardi au mercredi 15 janvier 1919, Rosa Luxemburg est enfermée dans une chambre d'hôtel. A 23h30, elle est briè-vement interrogée pour s'assurer de son identité et de sa participation aux dernières manifestations de plusieurs milliers de berlinois protestant depuis le 6 janvier contre la dérive droitière des autorités.
Quand elle sort de I'hôtel, un soldat lui fracasse la mâ-choire d'un coup de crosse. Puis elle est traînée, hissée dans une voiture. Quelques minutes plus tard, un officier l’achève d'une balle dans la tête. Lesté d'un bloc de pierre, son corps est jeté dans un canal. II sera retrouvé quelques mois plus tard. Rosa Luxemburg avait quarante-huit ans.

Gilbert Badia